Dépendances
14 - Une digression sur la bouffe
15 - Une digression sur l'alcool
16 - Une digression sur l'instinctothérapie
17 - Une digression sur le tabac
18 - Alcool, Tabac, et Katsugen

14 - Une digression sur la bouffe

A cette époque Tsuda était très proche de Marianne Dubois. Il l'avait encouragée à ouvrir un petit dojo en face de chez elle. J'aimais bien y aller, on y faisait des séances très intenses, avec elle et quelques ami(e)s.

Cela se terminait par une grande bouffe très joyeuse chez elle, son mari aimant bien recevoir et préparer la nourriture.

Mais souvent comme je sortais de la séance dans un état d'hyper sensibilité, les paroles et les rires forts m'étaient insupportables.

Je crois que le Katsugen ouvre l'appétit, ou favorise la convivialité. On a toujours aimé, après une séance ou un stage, se retrouver devant une bonne table ou un bon verre.

Tsuda était un particulièrement bon vivant. Il ne se privait de rien : Alcool, bonne bouffe, cigare.

L''idée implicite était que le Katsugen favorise l'élimination. Donc, on pouvait y aller sans crainte.

Une autre idée était que le corps étant éveillé, on pouvait lui faire confiance pour savoir par lui-même ce qui était bon pour lui. On pouvait manger tout ce qui faisait plaisir, quand le corps en aurait assez, il le signalerait.

Selon ce principe, je ne me privais pas de manger n'importe quoi, de fumer, et je fus heureux de pouvoir boire à nouveau, ce que je considérai comme un grand progrès.

En effet, des problèmes nerveux à mon adolescence m'avaient interdit de boire, je ne supportais pas la moindre goutte d'alcool.

Le Katsugen ayant un effet normalisateur, je fus heureux de constater qu'en effet, plus j'avançais dans cette pratique, mieux je supportais l'alcool. Et je m'en privai de moins en moins.

15 - Une digression sur l'alcool

Je buvais régulièrement du matin au soir, cela me procurait un effet de détente. Bière le matin, vin à midi, alcools forts le soir pour m'endormir.

Je n'étais jamais ivre, mais remarquai qu'à certains moments mes idées étaient brouillées, et c'était gênant pour mon métier de comptable.

Heureusement pour moi, je rencontrai un ami qui faisait partie des Alcooliques Anonymes, et qui m'invita à participer à une réunion, simplement pour voir comment c'était organisé.

J'étais intéressé de savoir comment fonctionnait cette association, et j'y allai. (voir : Mes Aventures Thérapeutiques ).

Je reçus un violent choc de voir dans quel état de délabrement physique et mental se trouvaient la grande majorité des participants.

Après la séance, on prit un pot au café voisin, et je fus horrifié de voir le garçon en face de moi qui avait remplacé l'alcool par du Coca, et en buvait compulsivement canette après canette en tremblant, exactement comme si cela avait été de l'alcool.

De plus tous fumaient comme des pompiers, ou mangeaient beaucoup de chocolat, pour compenser.

Je fus tellement choqué que j’arrêtai instantanément de boire la moindre goutte d'alcool, selon leur principe du tout ou rien : D'après leur expérience, un alcoolique n'est pas capable de boire modérément, s'il prend un premier verre, il ne peut s'empêcher d'en prendre un deuxième et de plus en plus, jusqu'à la catastrophe.

Quand on a arrêté, il ne faut donc jamais reprendre le premier verre, et je fis ainsi pendant de très nombreuses années. Je fréquentai régulièrement les AA pendant quelques années, puis arrêtai car je désirais participer à des domaines psychologiques plus larges que centrés uniquement sur l'alcool.

16 - Une digression sur l'instinctothérapie

C'est à cette époque que je rencontrai l'Instinctothérapie, façon de se nourrir selon l'instinct alimentaire, mise au point par Guy-Claude Burger. (voir Mes Aventures Thérapeutiques) Cela m'intéressait, car cela recoupait la philosophie alimentaire de Tsuda, en y apportant la rigueur de l'expérience scientifique (du moins le voulait-on).

Le bémol dans le système Tsuda, et que GC Burger a eu le mérite de mettre en évidence, c'est que l'instinct alimentaire ne fonctionne qu'avec des aliments "originels", c'est à dire tels que la nature nous les fournit, sans aucune transformation après cueillette.

C'est ainsi que nous devions croquer dans les carottes sans les raper, mordre dans la salade sans l'assaisonner, manger la viande et les poissons crus, sans sel ni sauce, etc... Alors les grandes bouffes de Tsuda, les alcools et les cigares n'étaient pas valables.

Je pratiquai l'Instinctothérapie 10 ans, et développai ainsi une très grande sensibilité aux aliments, car nous devions tester chaque aliment isolément un par un avant de l’ingérer. On sentait et on goûtait.

Au bout de 10 ans, presque aucun aliment cru à ma portée ne me convenait. Il aurait fallut que j'aille sous d'autres latitudes pour me nourrir de fruits exotiques à point et frais cueillis.

Je n'en avais ni les moyens ni l'envie, me trouvant très bien en Bretagne où je m'étais installé dans un verger, réalisant à nouveau, et dans toute sa plénitude, mon rêve de campagne et de nature.

Je décidai donc de me remettre au cuit, en prenant la précaution de tester l'un après l'autre chaque aliment indépendamment, et après maints essais et erreurs, j'ai pu déterminer ce qui me convient et dans quelles associations.

Je peux même reboire un peu d'alcool (très peu), sans glisser sur la pente savonneuse compulsive, comme prédit par les Alcooliques Anonymes.

Peut-être ne suis-je pas un vrai alcoolique ? En tout cas c'est vrai qu'après la moindre prise, si minime soit-elle, mon esprit se trouble.

Et avec l'alcool je sens très bien l'arrêt, c'est à dire le moment où je dois arrêter d'en prendre parce que le goût change. C'est au bout d'une seule gorgée, en général. La première est bonne, la deuxième mauvaise.

17 - Une digression sur le tabac

L''instinctothérapie m'a aidé aussi à me libérer du tabac. J'ai éprouvé un profond dégoût à l'odeur et au goût de la nicotine. Je ne pouvais plus supporter cette odeur sur mes doigts et mes vêtements, ni les mégots dans le cendrier. Je ne pouvais plus supporter l'idée d’ingérer cette fumée si loin dans mes poumons, car avec le Katsugen ma respiration s'était approfondie, et j'avais l’impression à chaque inspir d'inspirer jusqu'au plus bas de mon abdomen.

D'ailleurs l'air était devenu pour moi quelque chose de concret, et je le sentais entrer dans mon corps comme une nourriture, et cela ne me donnait plus envie de faire appel à la cigarette.

J'avais aussi de fortes sensations rien qu'avec de l'air pur. C'est pour cela que cela ne me dérange pas si quelqu'un fume à côté de moi. Je ne l'envie pas. Je le plains plutôt.

Mais le corps est quand même bien "habité" par cette saleté, même après de nombreuses années d'abstinence. C'est ainsi qu'au cours d'une cérémonie indienne, on m'a proposé un calumet de la paix. Je me suis dit "Qu'est-ce que je risque à tirer là dessus ? Ce n'est pas du tabac".

En effet, ce n'était pas du tabac, et c'était infect. Mais j'ai senti dans mon organisme un fort appel pour continuer, au point que cela m'a effrayé. Je me suis juré de ne plus jamais recommencer. D'ailleurs jusqu'à tout récemment, presque toutes les nuits, je rêvais que je fumais. En général des cigarettes mal roulées, mal remplies, dont les brins de tabac me collaient aux lèvres. Très désagréable. Je me réveillais en poussant un soupir de soulagement : Ce n'était qu'un rêve, un cauchemar, plutôt.. Car ce serait terrible pour moi que d'être à nouveau esclave de ce tabac tueur.

18 - Alcool, Tabac, et Katsugen

Je viens de recevoir l'appel d'un internaute qui me signale que certaines personnes, après avoir lu mon témoignage sur l'alcool, ont peur de commencer le Katsugen. Elles ont eu l'impression que mon plongeon a été fort, et craignent que la pratique du Katsugen ne les entraîne dans des dérives identiques, non seulement avec l'alcool, mais aussi avec le tabac et la drogue.

Je dois d'abord répéter que mon implication dans l'alcool a été légère, surtout si je me compare aux personnes que je rencontrais aux Alcooliques Anonymes. Mon organisme n'a pas été atteint physiquement, je n'ai jamais ressenti que quelques désagréments psychiques, comme chacun en ressent quand il a trop bu.

Je pense qu'au contraire le Katsugen m'a protégé, en me donnant la sensibilité de percevoir ce qui se passait en moi, et d'en tirer les conséquences. Je crois aussi que le Katsugen m'a protégé du tabac, en me développant une sensibilité qui m'a permis de fortement ressentir comme c'est dégueulasse de fumer, et de m'en dégouter. Je fumais déjà avant de pratiquer le Katsugen.

D'autre part pratiquer le Katsugen ne nous enlève pas notre libre arbitre et ne nous fait pas faire n'importe quoi. Notre esprit reste éveillé et nous sommes conscients de tout ce qui se passe. Nous conservons la faculté de faire ou ne pas faire, comme nous le voulons.

Ce qui s'est passé pour moi, c'est que j'avais l'exemple du Maître. Tsuda aimait bien boire, bien manger, bien fumer. Le Maître exerce même sans rien dire une influence sur ses élèves, et il m'a fallu un certain temps pour prendre conscience de ce qui se passait et redresser la barre. Dès que j'en ai eu pris conscience, j'ai changé d'attitude immédiatement, sans aucune difficulté.

Il n'y a donc aucune crainte à avoir, si on pratique le Katsugen, d'être entraîné dans des dérives qu'on ne désire pas. Au contraire, on ressent plus intensément ce qui est vraiment bon ou mauvais pour nous.

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